16 octobre 2019 -- Il faut faire plus pour rendre l'examen par les pairs (peer review) systématique et mieux intégré dans le flux de travail, ont entendu samedi les délégués au congrès national de radiologie (JFR). En outre, de nombreux radiologues français craignent une évolution vers cette pratique, même s'ils le font de toute façon, de façon implicite, mais non systématisée, ce qui entraîne une grande variation dans la pratique entre les centres.
Au cours de la session sur la qualité, le Dr Nadya Pyatigorskaya, neuroradiologue à la Pitié Salpêtrière, à Paris, a exhorté les départements à adopter une stratégie officielle d'examen par les pairs et a suggéré comment la France pourrait tirer parti de l'expérience et des systèmes existants dans d'autres pays.
Alors que certaines entreprises de téléradiologie en France mettant déjà régulièrement en place des processus d'examen collégial à des fins d'assurance qualité, d'autres radiologues français sont moins enclins à le faire car ils craignent généralement d'être jugés et punis, a-t-elle commenté.
Cette attitude répandue n'est pas seulement un problème français. Dr Pyatigorskaya a évoqué une enquête réalisée en 2018 par la Société européenne de neuroradiologie (ESNR), qui a généré 177 réponses parmi ses membres, montrant un large éventail d'attitudes.
Sur les 168 réponses à la question sur la pratique de l'examen par les pairs, 32,1% (54) ont déclaré avoir participé à l'examen par les pairs, environ 56,6% (95) ont répondu non, et 12,5% (21) ont déclaré ne pas être sûrs d'avoir participé ou non. Seulement environ 12% des personnes ayant indiqué avoir participé à l'examen par les pairs ont indiqué que l'évaluation était systématique, tandis que les autres ont déclaré que leur participation était plus irrégulière, généralement lors de réunions multidisciplinaires ou à la demande du clinicien.
"La plupart des radiologues qui se soumettent à un examen collégial le font de manière ponctuelle, par exemple lors de réunions d'équipe où les compte rendus sont discutés et que l'examen est relu par quelqu'un d'autre. Il est toutefois important que les radiologues reçoivent régulièrement des informations sur leurs performances, ce qui finira par améliorer la qualité pour les patients", a déclaré le Dr Pyatigorskaya.
Loin d'être un système punitif, les stratégies pourraient comporter l'examen de rapports anonymisés, avec une discussion collégiale en cas de divergence lors de réunions d'équipes ou de réseaux d'équipes, comme c'est le cas aux États-Unis et au Royaume-Uni, d'après le Dr Pyatigorskaya. Dans son discours, elle a signalé qu'un sondage mené aux États-Unis avait révélé une satisfaction de 50% à l'égard du système d'examen collégial et le sentiment qu'il améliore le travail, tandis que 50% des répondants estimaient qu'il était trop long du point de vue administratif.
Autre solution, le système d'anonymat partiel du Canada lors de l'examen par les pairs pourrait également s'avérer utile - et encourageant, a poursuivi le Dr Pyatigorskaya. Dans ce scénario, les rapports anonymisés sont relus par un pair évaluateur, mais le retour d'informations, qu'il soit ou non conforme au diagnostic, est envoyé directement au radiologue concerné.
"Il est crucial de sensibiliser les radiologues au fait qu'ils doivent participer à cette activité, même s'il est également important pour la motivation et l'adhésion au système que l'examen par les pairs reste facultatif", a-t-elle noté. "Il n'y a pas d'initiative de la part de la SFR pour essayer de rendre obligatoire l'évaluation par les pairs, même si des petites groupes tels que les téléradiologues peuvent imposer cela aux membres de leur propre groupe."
Selon Dr Pyatigorskaya, la solution consiste à aider les radiologues à se rendre compte qu'ils entreprennent déjà une évaluation par les pairs d'une manière moins formalisée et non critique, et cette prise de conscience peut dissiper la crainte de s'y engager systématiquement.
Elle envisage un département dans lequel le PACS sélectionne au hasard un rapport soumis ce jour-là , le rend anonymisé et l'envoie à un radiologue examinateur du groupement hospitalier ou des radiologues libéraux. Ce médecin aurait une semaine pour transmettre ses conclusions.
Elle a suggéré qu'un rapport d'évaluation par semaine et par radiologue ne représenterait pas une charge trop lourde, les examens anonymisés d'interprétation divergente devant être discutés lors des réunions d'équipes et les patients n'étant informés que si les diagnostics devaient être modifiés en conséquence.
"Les radiologues examinent et relisent déjà le travail de leurs collègues dans la pratique. Améliorons donc la qualité, rendons-le plus fréquent, systématique et anonymisé et intégrons-le mieux dans le flux de travail de l'hôpital", a déclaré le Dr Pyatigorskaya.