
NDLR: Cet article a été publié en anglais le 29 Juin.
Lorsque les portes s'ouvriront sur les installations médicales dans le village olympique de Londres en Juillet prochain, on y verra une gamme impressionnante d'appareils d'imagerie médicale: deux systÚmes IRM 3-tesla (ou un 1.5-tesla et un 3-tesla), un scanner Discovery HD 750 CT, 4 appareils d'échographie Logic E9, un appareil de radiologie à capteur plan et un RIS/PACS, à reconnaissance vocale. La valeur totale approchera les sept millions de livres (7,9 millions d'euros).
"L'imagerie médicale est perçue par le CIO comme un véritable service haut de gamme pour les athlÚtes pendant les Jeux. Ainsi, cela a été le premier groupe de travail qui a été formé aprÚs le contrat obtenu suite à l'appel d'offres à Singapour", selon Philip O'Connor, le patron de l'imagerie médicale pour les Jeux Olympiques, qui est aussi expert conseil en radiologie, spécialisé en imagerie ostéo-articulaire, et basé à Leeds au Royaume Uni. Il fait remarquer que les autres groupes de travail ont porté sur la médecine, les services pharmaceutiques, la physiothérapie, les services d'urgence et la polyclinique. "Nous allons fournir un service médical spécifique pour les muscles et le squelette, aux athlÚtes, à la 'famille' olympique et au personnel".
Un des appareils IRM devra ĂȘtre un systĂšme Ă anneau large pour recevoir les athlĂštes de grande taille, et des nĂ©gociations sont en cours pour un appareil de RĂ©sonnance MagnĂ©tique dĂ©diĂ© aux extrĂ©mitĂ©s. Un scanner sera utilisĂ© pour diagnostiquer les fractures de stress et pour les interventions utilisant le guidage sous scanner. Il n'y avait pas de scanner disponible aux Jeux de PĂ©kin en 2008.

Environ 10 000 athlÚtes venant de 205 pays vont participer aux J.O. de Londres, et 11 000 entraineurs, officiels, et membres du CIO les accompagneront, a indiqué O'Connor lors d'une session spéciale qui s'est déroulée au cours du CongrÚs de Radiologie du Royaume Uni, ce mois-ci à Manchester. Quatre mille athlÚtes supplémentaires vont participer aux Jeux Paralympiques. En comparaison, les derniers JO d'hiver de Vancouver ont attiré environ 2500 athlÚtes.
Les responsables des Jeux ont reçu à peu prÚs 9 milliards de livres (10 milliards d'euros) du gouvernement britannique pour construire et aménager les lieux qui seront l'héritage des JO, tandis que le Comité Londonien d'Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques qui est chargé d'organiser l'événement est entiÚrement sponsorisé par des fonds privés. Le Comité gÚrera les services médicaux pour une durée totale de 62 jours. Les plans de sponsorisation démarrent à environ 10 millions de livres (11 millions 16 d'euros), et GE est le sponsor principal pour le centre d'imagerie, pour lequel une ouverture selective est prévue le 9 Juillet, 18 jours avant l'ouverture officielle des Jeux.
La polyclinique est situĂ©e au centre du Village Olympique, mais elle se trouve prĂšs d'une ligne de chemin de fer et d'une route principale, ce qui n'est pas idĂ©al pour installer des appareils IRM, selon O' Connor. AprĂšs les Jeux, le bĂątiment deviendra un complexe dĂ©diĂ© aux soins de premiĂšre nĂ©cessitĂ© et appartiendra au National Health Service (la SĂ©curitĂ© Sociale britannique). Il est plus grand que nĂ©cessaire, et le personnel mĂ©dical n'a qu'une contribution limitĂ©e Ă la conception de l'ensemble, a-t-il ajoutĂ©. Par ailleurs, les appareils, scanners et scanners IRM, devront ĂȘtre installĂ©s dans des unitĂ©s mobiles Ă l'extĂ©rieur de la polyclinique.
A Londres 2012, la charge de travail sera organisée de façon à ce que la moitié des créneaux soit sur rendez-vous pris à l'avance, et l'autre moitié soit disponible sans rendez-vous. La priorité sera donnée aux athlÚtes en compétition, aprÚs viendront ceux qui seront en pré-compétition puis en post-compétition, enfin le personnel d'entrainement, les officiels, la famille olympique, et pour finir les autres employés. Le centre d'imagerie sera ouvert de 7 h du matin à 23h, et le personnel sera composé de huit radiologues par jour (deux équipes de 4), 16 manipulateurs (deux équipes de 8) et 7 assistants manipulateurs (3 pour la premiÚre équipe, 4 pour la seconde).

Une autre unitĂ© d'Ă©chographie sera situĂ©e Ă Weymouth dans le Dorset, oĂč se dĂ©rouleront les compĂ©titions sur l'eau. Un appareil de radiographie numĂ©rique sera disponible Ă l'hĂŽpital de Weymouth, mais les scanners et appareils Ă rĂ©sonnance magnĂ©tique les plus proches seront Ă Dorchester. Un Ă©chographe se trouvera Ă©galement Ă Eton Dorney, le lieu oĂč se dĂ©rouleront les Ă©preuves d'avirons et de canoĂ«-kayac. Pour ce qui concerne les problĂšmes autres que musculaires ou de squelette, des Ă©valuations initiales de la gravitĂ© des cas seront faites, y compris les radiographies pulmonaires, aux urgences de la polyclinique, mais les athlĂštes seront transfĂ©rĂ©s Ă l'hĂŽpital Royal London ou celui de Homerton University pour des traitements complĂ©mentaires.
Aux Jeux de Pékin, se sont tenus des séminaires éducatifs sur la tendinopathie et la médecine traditionnelle chinoise, à cÎté d'ateliers sur les techniques d'examen par ondes de choc. Un programme similaire est prévu pour Londres.
Lors des Jeux de Pékin, il y a eu pratiquement 22 000 rencontres médicales, dont environ 45% étaient liées au personnel (la main d'ouvre), et 16% étaient liées aux problÚmes des athlÚtes. Les organisateurs ont réalisé 450 radiographies, 320 échographies, et 440 IRM. Le service des IRM a connu un maximum de 59 examens sur une seule journée, ce qui représente une charge de travail trÚs lourde, toujours selon Mr. O' Connor.
Sur les 858 blessures dont ont souffert les athlĂštes Ă PĂ©kin et pour lesquelles nous avons des informations, pratiquement 73% ont Ă©tĂ© subies pendant les compĂ©titions, a relevĂ© Dr Jeremiah C. Healy, un radiologue ostĂ©o-articulaire Ă Chelsea and Westminster Hospital Ă Londres, Ă ce mĂȘme CongrĂšs de Radiologie au Royaume Uni. Environ un tiers des blessures ont rĂ©sultĂ© d'un contact avec un autre athlĂšte. Aussi, 20% Ă©taient le rĂ©sultat d'un traumatisme qui n'Ă©tait pas liĂ© Ă un contact, 20% Ă©taient dues Ă une accumulation de blessures, 13% Ă un contact avec un objet (une balle ou une batte), 5,5% Ă©taient une rechute d'anciennes blessures, et le reste des blessures Ă©taient causĂ©es par un Ă©quipement dĂ©faillant ou des conditions climatiques. Dans presque la moitiĂ© des cas, la blessure entrainait l'impossibilitĂ© pour l'athlĂšte de jouer ou de s'entrainer. Pour de plus amples dĂ©tails, Dr JC Healy a renvoyĂ© les congressistes Ă l'article du Dr Astrid Junge (American journal of sports medicine, Novembre 2009, Vol.37 :11, pp 2165-2172).
"Il existe un débat important sur le meilleur moment de faire une imagerie d'une blessure sur un muscle. L'athlÚte la réclame immédiatement, ou au moins dans les 24 heures. Selon mon expérience, il est souhaitable d'attendre entre 24 et 48 heures, car autrement on court le risque d'avoir un faux négatif", a affirmé Healy, qui s'occupe des joueurs de clubs de football de premiÚre division et en championnats, ainsi que des joueurs de clubs de rugby de premiÚre division. Il a été impliqué dans une équipe qui étudie les blessures à la cuisse dans les matchs de championnat depuis 2007. "Si l'imagerie ne correspond pas à un diagnostic clinique, alors il est trÚs important de renouveler l'imagerie. TrÚs souvent si vous faites une imagerie trop tÎt, alors vous ne percevez pas l'étendue de ce qui se passe en réalité".
Healy indique une rÚgle trÚs simple en ce qui concerne l'approche à adopter: si le patient montre d'un doigt l'anomalie, vous commencez par une échographie, mais si le patient utilise la main toute entiÚre, dirigez vous directement vers une IRM. Par ailleurs, l'échographie est préférable pour visualiser des structures superficielles, l'IRM est mieux adaptée pour les structures plus profondes.
"La rĂšgle gĂ©nĂ©rale est que l'imagerie (radio ou IRM) ne doit ĂȘtre envisagĂ©e qu'aprĂšs avoir abouti Ă un diagnostic clinique provisoire, et seulement si cela doit influencer la gestion du cas", a ajoutĂ© Healy, qui a rĂ©alisĂ© des reportages Ă distance pour l'Equipe Olympique du Royaume Uni, lors des Jeux de PĂ©kin, et est vice prĂ©sident du comitĂ© d'organisation de la radiologie pour les Jeux de 2012. "Cependant, il ne fait aucun doute que les entraineurs influencent le besoin de faire appel Ă l'imagerie mĂ©dicale... On fait passer des radios aux gens beaucoup plus souvent en Europe du Nord qu'en Europe du Sud, et cela peut avoir un impact sur ce qu'on attend de nous en termes de service".
MĂȘme si le diagnostic clinique est Ă©vident, le recours Ă l'imagerie est toutefois nĂ©cessaire afin d'Ă©valuer l'Ă©tendue de la blessure et identifier toute complication. Si une blessure Ă©vidente s'est produite et qu'il y a des questions sur la façon de traiter le patient, alors l'imagerie est utile pour une localisation prĂ©opĂ©ratoire. En outre, si le traitement ne marche pas, l'imagerie est utile pour s'assurer que le diagnostic initial Ă©tait correct, selon les termes de JC Healy. Au bout du compte, l'imagerie peut aider Ă montrer l'existence, la progression ou la rĂ©solution d'une maladie, ce qui peut ĂȘtre utile pour des raisons mĂ©dico-lĂ©gales.